Santé cardiovasculaire: quoi de neuf?

Février est le mois de la santé cardiovasculaire. Un bon moment pour faire le point sur les nouveautés en termes de santé cardiaque!
- Les maladies cardiovasculaires (MCV) représentent la deuxième cause de mortalité au pays.
- 80% des MCV pourraient être prévenues par de saines habitudes de vie.
La qualité de l’alimentation en priorité
On sait que l’alimentation joue un rôle clé quand on parle de prévention des MCV. Une méta-analyse regroupant 159 études(1) a clairement démontré que l’incidence des maladies cardiovasculaires et le risque de mortalité associé étaient significativement plus faibles chez les personnes ayant une alimentation de meilleure qualité que chez celles ayant une alimentation de moindre qualité.
Les régimes de type méditerranéen et l’adhésion aux lignes directrices pour une alimentation saine pour le cœur (riche en fruits, légumes, grains entiers, viandes maigres, poissons et fruits de mer) ont été associés à une réduction du risque de 15% et 14% pour l’incidence de MCV et de 17% et 20% pour la mortalité associée, respectivement.
Des protéines en modération
Les protéines sont en vogue, pourtant, consommer trop de protéines, notamment d’un acide aminé en particulier, pourrait hausser le risque cardiovasculaire. L’apport quotidien recommandé en protéines est de 0,8 g/kg, soit environ 11% des besoins énergétiques totaux. Un apport plus élevé est recommandé chez les aînés afin de pallier la diminution de la synthèse des protéines musculaires et osseuses avec l’âge.
En moyenne, les Occidentaux consomment environ un tiers de protéines de plus que l’apport recommandé, et environ un quart de la population en consomme plus du double, soit plus de 1,6 g/kg ou 22% des besoins énergétiques totaux. Cependant, une voie de signalisation médiée par les acides aminés, les composantes des protéines, a été impliquée dans le processus de développement de maladies cardiovasculaires. Dans des études cliniques évaluant différents apports en protéines, la leucine, un acide aminé, a été identifiée comme l’activateur clé de cette voie de signalisation(2).
Dans ces mêmes études, un apport en protéines supérieur à environ 25 g par repas (environ ≥ 22% des besoins énergétiques totaux) a activé la voie de signalisation. Chez les souris mâles, une consommation de protéines dépassant environ 22% des besoins énergétiques totaux a entraîné l’athérosclérose, une maladie caractérisée par l’accumulation de plaque dans les artères.
Ces données mettent en évidence un lien entre un excès de protéines, et plus particulièrement de leucine, et le risque cardiovasculaire. Le concept de modération, y compris pour l’apport en protéines, reprend ici toute son importance.
Un microbiote diversifié
Le microbiote est au cœur de l’actualité nutritionnelle. La relation entre le microbiote intestinal et la santé cardiovasculaire, l’axe intestin-cœur, intéresse de plus en plus les chercheurs. La science met en lumière le rôle de l’alimentation sur la diversité microbienne, cette dernière étant associée à un plus faible risque d’hypertension artérielle et de MCV.
Les fibres alimentaires, les probiotiques et les prébiotiques sont tous favorables à la diversité. Certaines molécules issues du métabolisme de différents nutriments par le microbiote intestinal pourraient être à l’origine d’une augmentation de la pression artérielle et d’autres facteurs de risque associés aux MCV.
En effet, certains métabolites, comme le N-oxyde de triméthylamine (TMAO), générés par la consommation de produits d’origine animale ont été associés à un risque accru de maladies cardiovasculaires. Le TMAO a été associé à l’insuffisance cardiaque, à l’athérosclérose et à l’inflammation vasculaire. Le microbiote influencerait la production de TMAO, si bien que de prochaines études se concentreront sur les aliments qui modulent le microbiote de façon favorable(3).
Un indice glycémique faible
Une méta-analyse regroupant plus de 100 000 participants a démontré que la consommation d’aliments à indice glycémique (IG*) élevé a été associée à une incidence accrue de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et de mortalité de toutes causes confondues. La réduction de l’IG pourrait avoir des effets sur la santé similaires à ceux de l’augmentation de la consommation de fibres et de grains entiers(4). Miser sur des aliments qui élèvent la glycémie moins rapidement compte parmi les stratégies alimentaires à mettre de l’avant.
*L’IG est une mesure qui classe les aliments contenant des glucides en fonction de leur capacité à élever la glycémie après leur consommation. Plus un aliment a un indice glycémique élevé, plus il provoque une augmentation rapide et importante du taux de sucre dans le sang.
Santé du cœur au féminin
Saviez-vous que la maladie cardiaque et l’accident vasculaire cérébral sont la principale cause de décès prématuré chez les femmes au Canada? Vous aimeriez participer à une étude clinique en lien avec la santé cardiovasculaire?
Pour s’inscrire: www.chumontreal.qc.ca/repertoire/cardio-f/recherche
Références
(1) Taylor, R. M., Haslam, R. L., Herbert, J., Whatnall, M. C., Trijsburg, L., de Vries, J. H. M., Josefsson, M. S., Koochek, A., Nowicka, P., Neuman, N., Clarke, E. D., Burrows, T. L., & Collins, C. E. (2024). Diet quality and cardiovascular outcomes: A systematic review and meta-analysis of cohort studies. Nutrition & dietetics : the journal of the Dietitians Association of Australia, 81(1), 35–50. https://doi.org/10.1111/1747-0080.12860
(2) Zhang, X., Kapoor, D., Jeong, S. J., Fappi, A., Stitham, J., Shabrish, V., Sergin, I., Yousif, E., Rodriguez-Velez, A., Yeh, Y. S., Park, A., Yurdagul, A., Jr, Rom, O., Epelman, S., Schilling, J. D., Sardiello, M., Diwan, A., Cho, J., Stitziel, N. O., Javaheri, A., … Razani, B. (2024). Identification of a leucine-mediated threshold effect governing macrophage mTOR signalling and cardiovascular risk. Nature metabolism, 6(2), 359–377. https://doi.org/10.1038/s42255-024-00984-2
(3) Diab, A., Dastmalchi, L. N., Gulati, M., & Michos, E. D. (2023). A Heart-Healthy Diet for Cardiovascular Disease Prevention: Where Are We Now?. Vascular health and risk management, 19, 237–253. https://doi.org/10.2147/VHRM.S379874
(4) Jenkins, D. J. A., Willett, W. C., Yusuf, S., Hu, F. B., Glenn, A. J., Liu, S., Mente, A., Miller, V., Bangdiwala, S. I., Gerstein, H. C., Sieri, S., Ferrari, P., Patel, A. V., McCullough, M. L., Le Marchand, L., Freedman, N. D., Loftfield, E., Sinha, R., Shu, X. O., Touvier, M., … Clinical Nutrition & Risk Factor Modification Centre Collaborators (2024). Association of glycaemic index and glycaemic load with type 2 diabetes, cardiovascular disease, cancer, and all-cause mortality: a meta-analysis of mega cohorts of more than 100 000 participants. The lancet. Diabetes & endocrinology, 12(2), 107–118. https://doi.org/10.1016/S2213-8587(23)00344-3